Les fille du prophète

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Fâtimah était la cinquième enfant du Prophète Muhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et de sa femme Khadîdjah - qu’Allâh l’agrée. Elle naquit alors que son respecté père avait commencé à passer de longs moments de solitude dans les montagnes entourant Makkah, méditant et réfléchissant aux grands mystères de la création.

C’était le moment, avant que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne commence à recevoir la Révélation, où sa sœur aînée, Zayneb, épousa son cousin al-`Âs Ibn Ar-Rabî`ah. Puis suivit le mariage de ses deux autres sœurs, Ruqayyah et Umm Kulthum, avec les fils d’Abu Lahab, l’oncle paternel du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). Abu Lahab ainsi que sa femme Umm Jamil étaient devenus des ennemis jurés du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) au tout début de sa mission publique.

La petite Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) vit alors ses sœurs quitter la maison l’une après l’autre pour vivre avec leurs époux. Elle était trop jeune pour comprendre la signification du mariage et les raisons pour lesquelles ses sœurs devaient quitter la maison. Elle les aimait beaucoup et fut triste et solitaire après leur départ. On dit qu’un certain mutisme et une douloureuse tristesse l’envahit alors.

Bien entendu, même après le mariage de ses sœurs, elle n’était pas seule dans la maison de ses parents. Barakah, l’esclave d’Aminah, la mère du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), qui était avec le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) depuis sa naissance, Zayd ibn Harithah - qu’Allâh l’agrée - et Ali - qu’Allâh l’agrée, le jeune fils d’Abu Tâlib faisaient tous partie de la famille de Muhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) à cette époque. Et bien sûr, il y avait sa mère affectueuse, Khadîdjah (radhia Allâhou anhâ).

En sa mère et en Barakah, Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - trouva énormément de soulagement et de réconfort. En Ali - qu’Allâh l’agrée, qui n’avait que deux ans de plus qu’elle, elle trouva un frère et un ami, qui d’une manière ou d’une autre prenait la place de son propre frère Al-Qâsim, mort en bas âge. Son autre frère, Abdullah, connu comme ’le bon et le pur’, qui naquit après elle, mourut également en bas âge. Pourtant dans aucune des personnes composant la famille de son père, Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - ne trouva le plaisir insouciant et la joie qu’elle trouvait avec ses sœurs. Elle était une enfant exceptionnellement sensible pour son âge.

A l’âge de cinq ans, elle apprit que son père était devenu "Rasoul Allah", le Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam). Sa première obligation était de transmettre la bonne nouvelle de l’Islam à sa famille et à ses proches relations. Ils devaient adorer Dieu Tout Puissant Seul. Sa mère, qui était un puissant appui et soutien, expliqua à Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - ce que son père devait faire. A partir de ce moment, elle devint plus étroitement lié à lui et éprouva un amour profond et durable pour lui. Souvent elle marchait à ses côtés, à travers les rues étroites et les sentiers de Makkah, visitant la Ka`bah, s’occupant des secrètes réunions des premiers musulmans à avoir accepté l’islam et à avoir prêté allégeance au Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam).

Un jour, alors qu’elle n’avait pas encore dix ans, elle accompagna son père à la Masjid al-Harâm où il se tint en un endroit nommé al-Hijr, en face de la Kabah, et commença à prier. Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - resta à ses côtés. Un groupe de Quraysh, avec de mauvaises intentions à l’égard du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), se réunirent autour de lui. Il y avait Abu Jahl ibn Hisham, l’oncle du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), Uqbah ibn Abi Mu`ayt, Umayyah Ibn Khalaf, ainsi que Shaybah et `Utbah, les fils de Rabi’ah. De façon menaçante, le groupe monta vers le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) et Abu Jahl, le meneur, demanda : "lequel d’entre vous peut apporter les entrailles d’un animal abattu et les jeter sur Muhammad ?"

`Uqbah Ibn Abi Mu`ayt, l’un des plus odieux du groupe, se porta volontaire et partit précipitamment. Il revint avec les ordures dégoûtantes et les jeta sur les épaules du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), alors qu’il était toujours prosterné. Abdullah Ibn Mas`ûd, un compagnon du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), était présent mais il ne pouvait rien dire ou faire. Imaginez le sentiment de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ), quand elle vit son père traité de la sorte. Que pouvait-elle faire, elle, une enfant de moins de dix ans ? Elle monta vers son père et lui retira les choses répugnantes puis elle se tint fermement et en colère devant le groupe de voyous Quraysh et lança des paroles blessantes contre eux. Ils ne lui dirent pas un seul mot. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) releva sa tête de la prosternation et continua à accomplir la salat. Puis il dit ’Oh Allah ! Puisses-tu punir ces Quraysh !’ Et il répéta cette invocation trois fois. Puis il continua : ’Puisses-tu punir `Utbah, `Uqbah, Abû Jahl et Shaybah’ ceux qu’il nomma moururent quelques années plus tard à la bataille de Badr.

A une autre occasion, Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - était avec le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) alors qu’il faisait le "Tawâf" autour de la Kabah. Une foule de Quraysh se réunit autour de lui, le saisirent et essayèrent de l’étrangler avec ses propres vêtements. Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - cria et appela à l’aide. Abu Bakr - qu’Allâh l’agrée - accouru et réussit à libérer le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). Il implorait alors : ’Tueriez-vous un homme qui dit : ’Mon seigneur est Allah’. Au lieu de baisser les bras, la foule se tourna vers Abu Bakr - qu’Allâh l’agrée - et commença à le battre jusqu’à ce que le sang coule de sa tête et de son visage.

Elle fut témoin de telles scènes de cruelle opposition et de harcèlement contre son père et les premiers musulmans. Elle ne se tenait pas sagement de côté mais se joignait à la lutte pour la défense de son père et de sa noble mission. Elle n’était encore qu’une jeune fille, et au lieu de gambader joyeusement, au lieu de la gaîté et l’entrain auxquels chaque enfant de son âge est et doit normalement être habitué, Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - était témoin, et participait à de telles épreuves.

Bien sûr elle n’était pas la seule. Toute la famille du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) souffrait à cause des violents et stupides Quraysh. Ses sœurs, Ruqayyah et Umm Kulthum souffraient également. Elles vivaient à ce moment dans un environnement de haine et de machination contre le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). Leurs maris étaient `Utbah et `Utaybah, les fils d’Abû Lahab et d’Umm Jamil. Umm Jamil était connue comme une femme dure et bourrue qui avait une langue acérée et mauvaise. C’était principalement à cause d’elle que Khadîdjah - qu’Allâh l’agrée - n’était pas contente du mariage de ses filles avec les fils d’Umm Jamil. Cela dû être difficile pour Ruqayyah et Umm Kulthum de faire partie de la famille de tels ennemis invétérés qui ne se joignaient pas seulement à la bataille contre leur père mais qui la menaient.

Comme un signe de déshonneur pour Muhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et sa famille, Utbah et Utaybah furent poussés par leurs parents à répudier leurs femmes. Cela faisait partie du procédé pour bannir totalement le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) accueillit bien sûr ses filles, de retour à la maison, avec joie, bonheur et soulagement.

Sans aucun doute, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) se réjouit d’être à nouveau avec ses sœurs, elles souhaitaient toutes que leur sœur aînée, Zaynab, soit aussi répudiée par son mari. En fait, les Quraysh exerçait une pression sur Abû Al-Âs pour cela mais il refusa. Quand le meneur des Quraysh s’approcha de lui et lui promit la plus riche et la plus belle femme s’il répudiait Zaynab, il répondit : ’j’aime profondément et passionnément ma femme, et j’ai une grande estime pour son père, même si je n’ai pas embrassé l’islam’

Ruqayyah et Umm Kulthum étaient toutes deux heureuses d’être de retour auprès de leurs chers parents et d’être débarrassées de l’insupportable torture mentale dont elles faisaient l’objet chez Umm Jamil. Peu de temps après, Ruqayyah se remaria, avec le jeune et timide Uthman Ibn Allan, l’un des premiers à avoir accepté l’islam. Ils partirent tous deux pour l’Abyssinie aux côtés des premiers "muhajiroûn" (émigrés) qui cherchèrent refuge dans ce pays et y restèrent plusieurs années. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) ne revit plus Ruqayyah jusqu’après la mort de sa mère. La persécution du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), de sa famille et de ses compagnons continua et s’aggrava même après l’émigration des premiers "muhajiroûn" en Abyssinie. Lors de la septième année environ de sa mission, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) et sa famille durent quitter leur maison et trouvèrent refuge dans une petite vallée accidentée entourée de tous côtés de pentes et de défilés, dont on ne pouvait entrer de Makkah que par un étroit chemin.

Dans cette vallée aride, Muhammad et les clans de Banu Hashim et al-Muttalib furent forcés de se retirer avec peu de réserves de nourriture. Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - était l’un des plus jeunes membres du clan, elle avait environ douze ans, et devait passer des mois dans les privations et les souffrances. Les lamentations d’enfants et de femmes affamés pouvaient être entendues depuis Makkah. Les Quraysh ne permirent aucun approvisionnement en nourriture ni contact avec les musulmans, dont la privation était seulement soulagée durant la saison du pèlerinage. Le boycott dura trois ans. Quand il fut levé, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) dut faire face à encore plus d’épreuves et de difficultés.

Khadîdjah - qu’Allâh l’agrée, ’la croyante et l’affectueuse’, mourut peu après. Avec sa mort, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) et sa famille perdirent une de leur plus grande source de réconfort et de force qui les avait soutenus à travers les moments difficiles. L’année pendant laquelle la noble Khadîdjah - qu’Allâh l’agrée, puis ensuite Abu Tâlib, moururent, fut appelé l’année de la tristesse. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ), à présent une jeune fille, fut vivement attristée par la mort de sa mère. Elle pleura des larmes amères et pendant quelques temps fut si frappée par la douleur que sa santé se détériora. On craignit même qu’elle ne meure de chagrin.

Bien que sa sœur aînée, Umm Kulthum, demeurait dans la même famille, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) réalisa qu’elle avait maintenant une grande responsabilité avec le décès de sa mère. Elle ressentait qu’elle devait donner à son père un soutien encore plus fort. Avec une tendresse affectueuse, elle se dévoua pour veiller à ses besoins. Elle fut si soucieuse par le bien-être de son père qu’on commença à l’appeler Umm Abi-ha, la mère de son père. Elle lui apportait ainsi un soulagement et un réconfort pendant les moments d’épreuve, de difficulté et de crise.

Souvent les épreuves étaient trop pour elle. Une fois, à cette époque, une foule insolente amoncela de la poussière et de la terre sur la gracieuse tête de Muhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Quand il rentra à la maison, elle pleura abondamment et essuya la poussière de la tête de son père. ’Ne pleure pas’ dit-il ’ qu’Allah protège ton père’.

 
Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) avait un profond amour pour Fâtimah (radhia Allâhou anhâ), il dit une fois : ’Quiconque plait à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) plait en réalité à Dieu, et quiconque cause sa colère cause en réalité celle de Dieu. Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - est une partie de moi. Ce qui lui plait me plait aussi, et ce qui l’a met en colère me met aussi en colère’

Il dit aussi : ’Les meilleures femmes au monde sont au nombre de quatre : la vierge Marie, Âsiyâ la femme de Pharaon, Khadîdjah - qu’Allâh l’agrée - la mère des croyants, et Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - la fille de Muhammad (sallallâhou alayhi wa sallam).’ Fâtimah acquit ainsi une place d’amour et d’estime dans le cœur de son père, qui n’était occupé que par sa femme Khadîdjah.

On donna à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) le titre de Az-Zahrâ’, ce qui signifie la Resplendissante, en rapport avec son visage radieux, qui semblait diffuser de la lumière. On dit que lorsqu’elle se levait pour la prière, le mihrab reflétait la lumière de son visage. On l’appelait aussi Al-Batûl, en raison de son ascèse. Au lieu de passer son temps en compagnie d’autres femmes, elle passait beaucoup de son temps en prière, à lire le Coran ou à d’autres actes d’adoration (`ibâdah)

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) avait une forte ressemblance avec son père, le Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam). Aishah - qu’Allâh l’agrée, l’épouse du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), dit d’elle : ’je n’ai jamais vu une créature de Dieu qui ressemblait davantage au Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam) dans son langage, sa conversation et sa façon de s’asseoir que Fâtimah - qu’Allâh l’agrée.’ Quand le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) la voyait s’approcher, il l’accueillait, se levait et l’embrassait, la prenait par la main et la faisait asseoir à l’endroit où il était assis. Elle faisait de même quand le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) venait vers elle. Elle se levait, l’accueillait avec joie et l’embrassait.

Les bonnes manières de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ), son doux langage, faisaient partie de sa ravissante et sympathique personnalité. Elle était particulièrement gentille avec les pauvres et les nécessiteux, et donnait souvent toute la nourriture qu’elle avait à quelqu’un qui se trouvait dans le besoin même si elle-même restait sur sa faim. Elle n’avait aucun amour pour les ornements, ni pour le luxe et le confort de la vie. Elle vivait simplement, bien que, parfois, comme nous le verrons, les circonstances étaient vraiment trop éprouvantes et trop difficiles pour elle.

Elle a hérité de son père une éloquence convaincante, puisée dans la sagesse. Quand elle parlait, les gens étaient souvent émus aux larmes. Elle avait la capacité et la sincérité pour créer des émotions, émouvoir les gens aux larmes, et emplir leur cœur de louange et de gratitude pour Dieu pour ses faveurs et sa générosité inestimable.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) émigra à Medinah quelques semaines après le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). Elle y alla avec Zayd ibn Harithah, qui fut renvoyé par le Prophète à Makkah pour amener le reste de la famille, dont Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) et Umm Kulthum, Sawdah, la femme du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), la femme de Zayd, Barakah et son fils Usâmah. Pour voyager avec le groupe il y avait également Abdullah le fils d’Abu Bakr, qui accompagnait sa mère et ses sœurs, Aishah et Asmâ’.

A Madinah, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) vivait avec son père dans la simple demeure qu’il avait construite, jouxtant la mosquée. En l’an 2 de l’Hégire, elle reçut des propositions de mariage par l’intermédiaire de son père, dont deux furent rejetées. Ali (radhia Allâhou anhou), le fils d’Abu Tâlib, rassembla alors son courage et vint demander sa main au Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). En présence du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) pourtant, il se laissa intimider et perdit sa langue. Il ne quitta pas le sol des yeux et ne put dire un mot. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) lui demanda alors : ’Pourquoi es-tu venu ? As-tu besoin de quelque chose ?’ Ali (radhia Allâhou anhou) ne pouvait toujours pas parler alors le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) suggéra : ’Peut-être es-tu venu pour demander Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) en mariage ?’ ’Oui’ répondit Ali (radhia Allâhou anhou). Selon ce qu’on rapporte, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) dit simplement : ’Marhaban wa ahlan- Bienvenue dans la famille’ et cela fut prit comme l’approbation du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) par Ali (radhia Allâhou anhou) et par les Ansars qui l’attendaient dehors. On rapporte aussi que le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) approuva et demanda à Ali (radhia Allâhou anhou) s’il avait quelque chose à donner en dot. Ali (radhia Allâhou anhou) répondit que non. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) lui rappela qu’il avait un bouclier qu’il pouvait vendre.

Ali (radhia Allâhou anhou) vendit le bouclier à Uthman pour quatre dirhams et pendant qu’il se dépêchait de retourner chez le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) pour lui remettre la dot, Uthman l’arrêta et lui dit :
’Je te rends ton bouclier comme cadeau de ma part pour ton mariage avec Fâtimah (radhia Allâhou anhâ)’. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) et Ali (radhia Allâhou anhou) se marièrent donc probablement au début de l’an 2 de l’Hégire. Elle avait environ 19 ans à ce moment, et Ali (radhia Allâhou anhou) en avait environ 21. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) lui-même dirigea la cérémonie du mariage. Pour le "Walîmah", on servit aux invités des dattes, des figues et une mixture de dattes et de beurre gras appelé hais. Un membre dirigeant des Ansars offrit un bélier et d’autres firent des dons de céréales. Tout Madinah se réjouit.

Pour son mariage, on rapporte que le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) offrit à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) et à Ali (radhia Allâhou anhou) un lit de bois entrelacé de feuilles de palmes, une couverture de lit en velours, un coussin en cuir rempli de fibres de palmes, une peau de mouton, une marmite, une outre en peau et une meule manuelle pour moudre le grain.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) quitta pour la première fois la maison de son bien-aimé père pour vivre avec son mari. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) était clairement inquiet à son sujet et envoya Barakah avec elle au cas où elle aurait besoin d’aide. Aucun doute que Barakah était source de réconfort et de consolation pour elle. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) pria pour elle :

’O Allah, bénit les tous deux, bénit leur maison et bénit leur descendance’. Dans l’humble demeure d’Ali (radhia Allâhou anhou) il y avait seulement une peau de mouton en guise de lit. Le matin qui suivit la nuit de noces, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) vint chez Ali (radhia Allâhou anhou) et toqua à la porte. Barakah sortit et le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit : ’ O Umm Ayman ? Appelle mon frère pour moi’
’Ton frère ? C’est celui à qui tu as marié ta fille ?’ demanda Barakah de façon quelque peu dubitative comme si elle se demandait : ’Pourquoi le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) appelle Ali (radhia Allâhou anhou) son frère ?’
Il faisait référence à Ali (radhia Allâhou anhou) comme son frère seulement parce que faisant partie des musulmans qui se joignirent à la fraternité après l’hijrah, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) et Ali (radhia Allâhou anhou) était donc liés comme des frères.

Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) répéta ce qu’il venait de dire à plus haute voix. Ali (radhia Allâhou anhou) vint et le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) fit une du’a, invoquant les bénédictions de Dieu sur lui. Puis il demanda Fâtimah (radhia Allâhou anhâ). Elle arriva se faisant presque toute petite, dans un mélange de respect et de timidité et le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit :

"Je t’ai marié à la personne de ma famille qui m’est le plus cher", de cette façon il cherchait à la rassurer. Elle ne commençait pas à vivre avec un parfait étranger mais avec quelqu’un qui avait grandi dans la même famille, qui était l’un des premiers à être devenu musulman à un jeune âge, qui était connu pour son courage, sa bravoure et sa moralité, et que le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) décrivait comme ’son frère dans ce monde et dans l’au-delà’.

La vie de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) avec Ali (radhia Allâhou anhou) fut aussi simple et sobre qu’elle l’avait été chez son père. En fait, en ce qui concerne le confort matériel, c’était une vie de difficultés et de privations. Durant leur vie commune, Ali (radhia Allâhou anhou) resta pauvre car il n’attachait que peu d’importance aux richesses matérielles.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) était la seule parmi ses sœurs à ne pas avoir épouser un homme riche.

En fait, on pourrait dire que la vie de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) avec Ali (radhia Allâhou anhou) était même plus rigoureuse que celle qu’elle eut chez son père. Au moins, avant le mariage, il y avait toujours dans la famille du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) une quantité de mains prêtes à aider. Mais maintenant elle devait faire face seule, de fait. Pour soulager leur pauvreté extrême, Ali (radhia Allâhou anhou) travaillait comme peintre et porteur d’eau et elle comme broyeuse de céréales. Un jour elle dit à Ali (radhia Allâhou anhou) :

"J’ai moulu jusqu’à ce que mes mains se couvrent de cloques.
- J’ai puisé de l’eau jusqu’à en avoir mal à la poitrine," répliqua Ali (radhia Allâhou anhou). Celui-ci suggéra à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) : "Dieu a donné à ton père quelques prisonniers de guerre, va lui demander de te donner un esclave".


A contrecœur, elle alla chez le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) qui lui dit : "qu’est-ce qui t’amène ici, ma petite fille ?

Je suis venue te donner le Salam," dit-elle de peur qu’il ne puisse lui donner ce qu’elle avait l’intention de demander.

"Que faisais-tu ? demanda Ali (radhia Allâhou anhou) lorsqu’elle repartit seule.
- J’avais honte de lui demander, dit-elle. Alors tous deux vinrent ensemble mais le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) sentit qu’ils étaient moins dans le besoin que d’autres.
- Je ne vais pas vous le donner, dit-il, et laisser les Ahl as-Suffah (pauvres musulmans restés dans la mosquée) tourmentés par la faim. Je n’ai pas assez pour leur nourriture…".


Ali (radhia Allâhou anhou) et Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) rentrèrent chez eux, et se sentirent quelque peu découragés mais cette nuit, après qu’ils soient allés se coucher, ils entendirent la voix du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) leur demandant la permission d’entrer. Pour l’accueillir, ils se levèrent, mais le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) leur dit :


’Restez où vous êtes’ et il s’assit à côté d’eux ’Ne vous indiquerais-je pas quelque chose de meilleur que ce que vous êtes venus me demander ?’ demanda-t-il et ils lui dirent ’Si’, il dit : ’Les mots que Jibril m’a enseignés, que vous pouvez dire : ’Subhaan Allah’ dix fois après la prière, et dix fois "AI hamdu lillah’ et dix fois "Allahu Akbar". Et ceci, avant de dormir, il faut que vous le disiez 33 fois chacun.


Ali (radhia Allâhou anhou) dit plus tard : ’je n’ai jamais manqué de le faire depuis que le Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam) nous l’a enseigné’

Il existe plusieurs récits sur les temps durs et difficiles auxquels Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) a du faire face. Il n’y avait souvent aucune nourriture chez elle. Une fois, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) était affamé. Il alla de l’un à l’autre des appartements de ses femmes mais il n’y avait pas de nourriture. Il alla alors chez Fâtimah (radhia Allâhou anhâ), et elle n’avait pas non plus de nourriture. Quand il trouva en fin de compte de la nourriture, il envoya deux miches de pain et un morceau de viande à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ). Une autre fois il alla chez Abu Ayyub al-Ansari et de la nourriture qui lui fut donnée, il en garda pour elle. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) savait aussi quand le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) n’avait pas de nourriture pendant de longues périodes, et en retour elle lui en apportait quand elle le pouvait. Une fois, elle lui donna un morceau de pain d’orge, et il lui dit ’c’est la première nourriture que ton père a mangée depuis trois jours’.

Par ces actes de bonté, elle montrait combien elle aimait son père et il l’aimait vraiment en retour.

Un jour, il revenait d’un voyage hors de Madinah. Il se rendit d’abord à la mosquée et pria deux ra’kats comme de coutume. Puis, comme il le faisait souvent, il se rendit chez Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) avant d’aller chez ses femmes. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) l’accueillit et embrassa son visage, sa bouche et ses yeux et pleura.
’Pourquoi pleures-tu ?’ demanda le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam).
’Je te vois, O Rasul Allah, ton teint est pâle et jaune et tes habits sont devenus usés et élimés.’ ’O Fâtimah (radhia Allâhou anhâ)’ répondit le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) tendrement ’Ne pleure pas car Allah a envoyé ton père avec une mission qui touchera chaque maison sur la surface de la terre, que ce soit dans les villes, les villages ou les campements du désert apportant soit la gloire soit l’humiliation jusqu’à ce que cette mission soit accomplie avant que la nuit ne tombe inévitablement.’

Avec de telles observations, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) était souvent amenée de la dure réalité de la vie quotidienne à un aperçu des perspectives immenses et de grande portée ouvertes par la mission dont était investi son noble père.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) retourna par la suite vivre dans une maison proche de celle du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam). L’endroit fut offert par un Ansari qui savait que le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) se réjouirait d’avoir sa fille comme voisine. Tous les deux partageaient le quotidien mouvementé de la vie à Médine, aussi bien dans la joie et la réussite que dans la peine et la difficulté.

Au milieu de la seconde année suivant la Hijrah sa sœur Ruqayyah tomba malade : Elle fut prise par la fièvre et la rougeole. Ce fut peu de temps avant la bataille de Badr. Uthman (radhia Allâhou anhou), son mari, resta à ses côtés et manqua la bataille. Ruqayyah mourut juste avant le retour de son père. De retour à Medinah, un des premières choses qu’il fit fut de se rendre sur sa tombe.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) y alla avec lui. C’était la première perte qu’ils subirent au sein de leur proche famille depuis la mort de Khadîdjah (radhia Allâhou anhâ). Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) fut énormément touchée par la mort de sa sœur. Les larmes coulèrent de ses yeux dès qu’elle s’assit à côté de son père sur le bord de la tombe, et il la consola et chercha à sécher ses larmes avec le coin de son manteau.

Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) avait auparavant parlé des lamentations de la mort, mais cela avait amené un malentendu et quand il revinrent du cimetière, la voix d’Umar (radhia Allâhou anhou) en colère fut entendue, contre les femmes qui pleuraient pour les martyrs de Badr et pour Ruqayyah. ’Umar laisse-les pleurer’ dit le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et il ajouta : ’Ce qui vient du cœur et des yeux, cela vient d’Allah et de sa miséricorde, mais ce qui vient des mains et de la langue, cela vient de Satan’ - par "les mains", il faisait allusion au fait de se frapper la poitrine et de se gifler les joues et par "la langue", aux cris en cœur lancés par les femmes, comme une marque publique de sympathie.

Uthman (radhia Allâhou anhou) épousa plus tard l’autre fille du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), Umm Kulthum (radhia Allâhou anha), et de ce fait devint le Dhu-n Nurayn –l’homme aux deux lumières.

La perte dont souffrit la famille avec la mort de Ruqayyah (radhia Allâhou anha) fut suivie par la joie quand, au grand plaisir de tous les croyants, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) donna naissance à un garçon au mois de Ramadan de la troisième année après l’hégire. Le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) prononça l’Adhan dans l’oreille du nouveau-né et l’appela Al-Hasan, ce qui signifie le beau.

Un an plus tard elle donna naissance à un autre garçon, qui fut appelé Al-Husayn, ce qui signifie le petit Hassan ou ’le petit beau’. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) emmenait souvent ses deux fils voir leur grand-père qui les aimait excessivement. Plus tard il les emmenait à la Mosquée et ils grimpaient sur son dos quand il se prosternait. Il fit de même avec sa petite-fille, Umamah, la fille de Zaynab.

Huit ans après l’hégire, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) donna naissance à un troisième enfant, une fille qu’elle nomma comme sa sœur aînée Zaynab, qui était décédée peu avant sa naissance. Cette Zaynab grandit et fut l’héroïne de Karbala. Le quatrième enfant de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) naquit l’année d’ensuite. L’enfant était aussi une fille et elle l’appela Umm Kulthum comme sa sœur qui mourut l’année précédente d’une maladie. Ce fut seulement par la progéniture de Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) que la descendance du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) fut perpétuée. Tous les enfants mâles du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) étaient morts en bas âge et les deux enfants de Zaynab (radhia Allâhou anha), Ali et Umamah, moururent jeunes. L’enfant de Ruqayyah, Abdullah, mourut aussi alors qu’il n’avait pas deux ans. Cela était une raison supplémentaire à l’admiration accordée par le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) pour Fâtimah (radhia Allâhou anhâ).

Bien que Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) était souvent occupée avec les grossesses, les naissances, et l’éducation des enfants, elle prenait part autant qu’il lui était possible aux affaires de la communauté musulmane grandissante de Madinah.

Avant son mariage elle était une sorte d’hôtesse pour les pauvres et les démunis d’Ahl as-Suffah. Dès la fin de la bataille d’Uhud, elle vint avec d’autres femmes sur le champ de bataille, pleura les martyrs morts et prit le temps de panser les blessures de son père. Au coirs de la bataille des tranchées, elle joua un rôle majeur de soutien avec d’autres femmes en préparant à manger durant le long et difficile siège. Dans son camp, elle menait la prière des femmes musulmanes et à cet endroit on construisit une mosquée appelée Masjid Fâtimah, une des sept mosquées où les musulmans étaient de garde et accomplissaient leurs adorations.

Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) accompagna aussi le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) quand il fit la Umrah au cours de la 6ème année de l’Hégire, après le traité d’Hudaybiyyah. L’année qui suivit, elle et sa sœur Umm Kulthum furent parmi la foule nombreuse de musulmans qui participèrent avec le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) à la libération de Makkah. On rapporte qu’en cette occasion, Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) et Umm Kulthum (radhia Allâhou anha) visitèrent la maison de leur mère Khadîdjah (radhia Allâhou anhâ), se rappelèrent les souvenirs de leur enfance et de leur jihad, des longs combats dans les 1ères années de mission du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam).

Au cours de Ramadhan de la 10ème année, juste avant qu’il n’accomplisse son pèlerinage d’adieu, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) confia à Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) un secret révélé à personne jusqu’alors :
’Jibril me récitait le Quran et je le lui récitais une fois par an, mais cette année il l’a récité avec moi deux fois. Je suis bien forcé de croire que mon temps est venu’

De retour de son pèlerinage d’adieu, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) tomba gravement malade. Il passa ses derniers jours dans l’appartement de sa femme Aishah (radhia Allâhou anha). Quand Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) venait lui rendre visite, Aishah (radhia Allâhou anha) laissait le père et sa fille seuls ensemble.

Un jour il appela Fâtimah (radhia Allâhou anhâ)… quand elle vint il l’embrassa et murmura quelques mots dans son oreille. Elle pleura. Alors il murmura à nouveau dans son oreille et elle sourit. Aishah (radhia Allâhou anha) vit cela et demanda : ’tu pleures et tu ris en même temps Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) ? Que t’a dit le Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam) ?’

’Il me dit d’abord qu’il allait rencontrer son Seigneur dans un court instant et j’ai pleuré.’ Il me dit alors : ’Ne pleure pas tu seras la 1ère de ma maison à me rejoindre et là j’ai souris.’

Peu de temps après, le Noble Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) décéda. Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) était frappée de chagrin et on la vit souvent pleurer abondamment. Un des compagnons nota qu’il ne vit plus Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) rire après la mort de son père.

Un matin, tôt, au cours du mois de Ramadhan, 5 mois seulement après la mort du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), Fâtimah (radhia Allâhou anhâ) se réveilla semblant exceptionnellement heureuse et pleine de gaieté. L’après-midi, on rapporte qu’elle appela Salma bint Umays (radhia Allâhou anha) qui veillait sur elle. Elle demanda de l’eau et prit un bain. Elle mit alors de nouveaux habits et se parfuma. Elle demanda ensuite à Salma de mettre son lit dans la cour de la maison. Le visage tourné vers le ciel au-dessus, elle demanda son mari Ali - qu’Allâh l’agrée et honore sa face.

Il fut surpris de la voir étendue au milieu de la cour et lui demanda ce qui n’allait pas. Elle sourit et dit : ’j’ai rendez-vous aujourd’hui avec le Messager de Dieu (sallallâhou alayhi wa sallam)’

Ali - qu’Allâh l’agrée et honore sa face - pleura et elle essaya de le consoler. Elle lui dit de prendre soin de ses fils Al-Hasan et Al-Husayn et demanda à être enterrée sans cérémonie. Elle fixa à nouveau le ciel, puis ferma les yeux et rendit l’âme.

Fâtimah - qu’Allâh l’agrée - la resplendissante n’avait que 29 ans…

Qu'Allah l'agrée. Amine

 

Mercredi 6 février 2008
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La petite fille bénie du Messager de Dieu

Notre dame bénie et purifiée, As-Sayyidah Nafîsah naquit en 145 A.H. Son père est Abû Muhammad Al-Hasan Al-Anwar Ibn Zayd Al-Abladj Ibn Al-Hasan - le petit-fils du Messager- Ibn `Alî Ibn Abî Tâlib Ash-Sharîf Al-Murtada, qu’Allâh soit satisfait d’eux.

As-Sayyidah Nafîsah grandit dans un milieu imprégné de la bénédiction du Noble Messager, notre bien-aimé Muhammad. Elle passa ses premières années à la Mecque entourée de soins et du respect qui lui sont dus, puis, âgée de cinq ans, son père l’emmena à Médine. Il commença alors à lui prendre ce dont elle avait besoin pour sa vie ici-bas et pour l’au-delà et elle partait à la mosquée du Messager pour écouter les savants du hadîth et pour apprendre la jurisprudence par les jurisconsultes.

A l’âge de seize ans, elle épousa Ishâq Al-Mu’taman Ibn Ja`far As-Sâdiq Ibn Muhammad Al-Bâqir Ibn `Alî Zayn Al-`Âbidîn Ibn (Abî Ash-Shuhadâ’) l’Imâm Al-Husayn, paix sur lui. Ishâq fut un homme pieux, connu pour sa rectitude, sa bonté et sa générosité. Elle eut de lui deux enfants : Al-Qâsim et Umm Kulthûm. Dans une maison honorée, au sein d’une famille qu’Allâh a purifiée, As-Sayyidah Nafîsah est venue au monde.

Depuis sa plus tendre enfance, son cœur s’attacha au Noble Coran qu’elle récitait régulièrement. Elle se consacra à son apprentissage et finit sa mémorisation en un an et demi. Quant aux actes d’adoration, il est rapporté que notre bien-aimée accomplissait de façon régulière les cinq prières avec ses parents, alors qu’elle n’avait que six ans.

Au fil des années, elle grandit, son corps se renforça, son âme s’éleva et son cœur se raffina. Elle multiplia les actes de piété, jeûnant le matin et priant le soir, recueillie dans son adoration d’Allâh et animée par la soif du savoir. Son cœur s’ouvrit aux illuminations divines et s’attacha à la Parole d’Allâh et aux hadîths de son grand-père, l’Envoyé d’Allâh. Elle apprit et relata des hadîths par son père, les membres de sa famille bénie, et les savants de son époque dont elle apprit également la jurisprudence. C’est ainsi qu’on lui donna un surnom qui resta très célèbre Nafisa’t’ul-`ilm, la (dame) au savoir précieux.

La dame honorée dans les deux demeures, As-Sayyidah Nafîsah, a accompli dans sa vie bénie trente pélerinages en se rendant à la Mecque la plupart du temps à pieds. Elle marchait ainsi sur les pas de son grand-père l’Imâm Al-Husayn, paix sur lui, qui disait : « J’ai honte d’aller à la rencontre de mon Seigneur sans avoir marché pour cela ». La nièce d’As-Sayyidah, Zaynab bint Yahyâ Al-Moutawwadj (frère de notre bien-aimée) : « j’ai été au service de ma tante pendant quarante ans où je ne l’ai point vu dormir le soir (i.e. elle priait) ou ne pas jeûner pendant la journée, sauf les jours de l’Aïd et ceux du Tashrîq. Je lui dis : ne veux-tu pas être plus clémente envers toi-même ? Elle répondit : et comment cela alors que j’ai devant moi des épreuves difficiles qui ne seront surmontées que par ceux qui seront du nombre des réussissants ». Et elle disait d’As-Sayyidah Nafîsah : « Ma tante connaissait par cœur le Coran et son exégèse, et elle récitait le Coran et ses larmes coulaient. »

Cette dame pieuse était une ascète désintéressée des vains ornements d’ici-bas et faisant preuve d’une grande observance d’Allâh et d’ascétisme, en prenant pour modèle le maître des fils d’Adam, le Sceau de la Prophétie, Muhammad, paix et bénédiction d’Allâh sur lui. Malgré les plaisirs et l’abondance qu’elle pouvait trouver dans la maison de son père le prince de la ville, elle avait opté pour l’ascétisme et une grande simplicité dans la vie. Elle se contentait de peu de nourriture et préférait le jeûne. Elle avait un panier accroché près de l’endroit où elle accomplissait la prière. Lorsqu’elle ressentait faim, elle tendait la main pour en prendre la nourriture. Zaynab, sa nièce, disait : je trouvais chez elle ce qui n’effleurait même pas mon esprit et je ne savais comment elle avait cela. Cela provoqua mon étonnement. C’est alors qu’elle me dit : ô Zaynab, quiconque fait preuve de droiture avec Allâh, l’univers entier est dans sa main ». On rapporta que dans son ascétisme, il n’y avait pas d’excès, et elle ne s’écartait que des ornements d’ici-bas qui risquent de la détourner de sa fin première qui est la Satisfaction d’Allâh et le Cheminement vers Sa Majesté. Elle pensait en permanence à la mort et l’au-delà, si bien qu’elle creusa elle même sa tombe et passa son temps à évoquer Dieu et à accomplir les œuvres pies.

Elle fut aussi l’épouse attentionnée, fidèle, accordant ses soins à sa famille, si bien que son époux répétait qu’elle est un bienfait certain de Dieu pour lui et que jamais elle n’a négligé le moindre de ses devoirs envers son mari.

En 193 A.H., notre bien-aimée arriva en Egypte. Sa bénédiction et quelques-uns de ses prodiges (karâmah) furent à peine divulgués, que les habitants d’Egypte se précipitèrent vers la petite fille du Messager cherchant auprès d’elle ses pieuses invocations et sa lumière puisée dans celle de son grand-père. Sa maison ne se vidait que rarement d’une foule qui lui vouait un profond amour. Elle pensa à quitter les lieux pour trouver un endroit calme où elle pourrait se consacra entièrement à l’adoration d’Allâh. Voyant son insistance à partir, les Egyptiens se ruèrent chez le gouverneur d’Egypte, As-Sirrî Ibn Al-Hakam Ibn Yûsuf. Ce dernier se dirigea vers elle et la supplia de faire preuve de générosité en restant parmi eux. Elle dit : « J’avais l’intention de rester parmi vous, sauf que je suis une femme faible, et la foule s’est rassemblée autour de moi et les gens me rendent visite très fréquemment si bien qu’ils m’empêchent de réciter mes awrâds (dhikr composé de vers et d’invocations) et de préparer la Rencontre de l’au-delà. Et ma demeure est si petite pour accueillir cette grande foule et la cour de mon grand-père, l’Elu, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, me manque énormément ». Il répondit : « ô fille du Messager d’Allâh, je me charge de mettre fin à ce dont tu te plains. Je m’emploierai à ton confort et ta satisfaction. Et pour ce qui est de ta petite maison, j’ai une grande demeure à Darb As-Sibâ`, et je prends Dieu pour Témoin en te l’offrant, et en te demandant de bien vouloir l’accepter et ne point me décevoir ». Après un long silence, elle répondit : « je l’accepte de toi ». Puis elle dit : ô Sirrî, que faire de ces grandes foules et assemblées ? ». Il dit : « Tu leur consacres deux jours par semaine pour leurs visites et tu consacres le reste à tes œuvres d’adoration et au service de ton mari. Accorde aux gens le samedi et le mercredi ».

L’Imâm Ash-Shâfi`i, qu’Allâh lui fasse miséricorde, vint en Egypte. Il fit connaissance d’As-Sayyidah Nafîsah et entretint de relations solides avec elle. Ils avaient en commun leurs efforts pour diffuser la lumière de la religion, chacun à sa manière. L’Imâm Ash-Shâfi`î avait coutume de lui rendre visite sur son chemin à la mosquée d’Al-Fustât où il enseignait le savoir et sur son chemin de retour. Pendant le mois du Ramadan, il accomplissait les prières du Tarawîh avec elle, dans sa mosquée (la mosquée d’As-Sayyidah Nafîsah). L’Imâm lui rendait visite en la compagnie de certains de ses amis et disciples, et il insistait, lui qui est un soleil de piété, à ce qu’elle invoque Dieu pour lui en espérant bénéficier de sa bénédiction. Lorsque la maladie l’empêchait d’aller la voir, il lui envoyait un disciple comme Ar-Rabî` al-Jîzî en le chargeant de lui dire : « Ton cousin Ash-Shâfi`î est malade et te demande d’invoquer Dieu pour lui ». Elle levait alors les yeux vers le ciel et invoquait Allâh, la guérison atteignait l’imâm avant même le retour de son disciple. Lorsqu’il fut atteint de la maladie de sa mort, fidèle à son habitude, il lui envoya un messager pour qu’elle prie pour lui. Elle dit au messager : « qu’Allâh lui accorde la douceur de regarder Sa Face Honorée ». Au retour du messager, l’imâm lui demanda ce qu’elle lui avait répondu. Il comprit alors qu’il allait quitter la vie ici-bas et qu’il allait bientôt retourner à Dieu. Il demander qu’elle fasse la prière du défunt sur lui. Il mourrut en 204 et au passage de son cercueil porté par la foule devant chez elle, elle pria sur lui et les pieux qui assistèrent à cela pensèrent que la prière d’As-Sayyidah Nafîsah sera une miséricorde pour l’imâm.

Le grand savant Al-Ajahwarî dit : As-ayyidah Nafisah creusa sa noble tombe elle-même. Elle ordonna sa construction tellement elle languissait pour la rencontre de Son Créateur, témoignant de son désintérêt pour les vains ornements d’ici-bas. [Sa tombe] fut couverte de nuages de miséricorde, elle y descendait pour faire ses œuvres d’adoration, pour évoquer l’au-delà et elle y multipliait les prières surerogatoires. On dit qu’elle y récita le Coran six mille fois et qu’elle a offert la rétribution de cela aux défunts des musulmans.

Zaynab, sa nièce, dit : Ma tante ressentit une douleur le premier jour du mois de Rajab, et elle écrivit donc une lettre à son mari Al-Mu’taman, qui était absent, où elle lui demanda de venir car elle ressentait qu’elle allait bientôt quitter la vie ici-bas au profit de l’au-delà. Elle restait dans sa maladie jusqu’au premier vendredi du mois de Ramadan, où sa douleur fut croissante alors qu’elle jeûnait. Les médecins vinrent et lui conseillèrent alors de rompre son jeûne afin de reprendre des forces et mieux combattre la maladie. Elle dit : « Grand est mon étonnement ! cela fait trentre que je demande à Dieu de retirer mon âme pendant que je serais à jeun, quelle idée de rompre mon jeûne maintenant, que Dieu m’en préserve ».

 

Et elle dit :
Eloignez de moi mon médecin et laissez-moi avec mon Aimé
Ma langueur pour lui s’est accrue et mon coeur s’est embrasé

Les médecins s’étonnèrent de la force de sa foi, ils lui demandèrent d’invoquer Dieu pour eux, chose qu’elle fit, et ils s’en allèrent. Puis Zaynab rajouta : « elle resta dans cet état jusqu’à la 2e décade du mois de Ramadan, usée par la maladie jusqu’à son agonie. Elle commença par la récitation de sourate Al-An`âm, elle récita jusqu’au verset : « Dis à Dieu, Il inscrivit sur Lui-même la Miséricorde » et son âme noble retourna à Dieu. On dit qu’elle avait perdit connaissance en récitant « Ils ont auprès de leur Seigneur la Demeure de la Paix et Il est leur Allié pour ce qu’ils œuvraient ». Zaynab dit : je l’ai alors serrée contre ma poitrine, et elle attesta la parole de la Vérité, et son âme retourna à Dieu, Dieu la choisit pour Sa Proximité, et l’a transférée à la Demeure de l’honneur. Cela fut en 208, après la mort de l’Imâm Ash-Shâfi`î de 4 ans », qu’Allâh leur fasse tous miséricorde.

As-Sayyidah Nafîsah avait demandé que ce soit son mari qui se charge d’elle après sa mort. Lorsqu’il arriva de son voyage ce jour, il prépara son cercueil et décida de l’enterrer près de son grand-père, Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Les habitants d’Egypte le supplièrent de l’enterrer en Egypte et lui ont demandé par Dieu de ne pas l’enterrer ailleurs. Mais il refusa. Ils rassemblèrent une grande fortune et le supplièrent de la laisser parmi eux, mais il refusa. Ils laissèrent l’argent chez lui, et passèrent la nuit un profond chagrin. Lorsqu’il vinrent à lui le matin, ils furent surpris de son comportement : il accepta volontiers de la laisser en Egypte et il leur rendit l’argent. Ils l’interrogèrent sur cela. Il dit : Je vis le Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, en songe et il me dit : « ô Ishâq retourne aux gens leur argent, et enterre la chez eux ». Le cœur des egyptiens s’emplit de joie et leurs voix s’élevèrent avec « Allâhou Akbar ».

A sa mort, les gens se sont rassemblés de tous les coins, ils allumèrent les bougies et l’on entendit les pleures dans toutes les maisons. Un voile de deuil et de tristesse s’abattit sur l’Egypte et une grande foule accomplit la prière sur elle et on l’enterra dans la tombe qu’elle avait creusée.

sour =ce les perle protégée
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